En Allociné se escribió:Après une tempête, Jafaar, un pêcheur palestinien de Gaza, remonte par hasard dans ses filets un cochon tombé d’un cargo. Bien décidé a se débarrasser de cet animal impur, il décide toutefois d’essayer de le vendre afin d’améliorer son existence misérable. Le pauvre Jafaar se lance alors dans un commerce rocambolesque et bien peu recommandable… Dans cette tragi-comédie, l’ensemble du petit peuple de Gaza, coincé entre sa misère absolue au quotidien, les contraintes des militaires Israéliens et le diktat des barbus aux commandes, est représenté par ce pauvre pêcheur dont l’unique souci est de survivre au jour le jour et qui, pour cela, est prêt a tout. Jafaar, dans une permanente dérision de lui-même, même dans les moments tragiques, évolue dans cette histoire a l’humour mordant… et nous laissera espérer que si l’on peut s’entendre, malgré toutes les différences, à l’échelle individuelle, on peut s’entendre in fine, à l’échelle collective.
Secrets de tournage:
- Lieux de tournage. Le film a été tourné à Malte et Cologne.
- Un financement difficile. En raison du sujet, que certains jugeaient polémique, Sylvain Estibal a mis plusieurs années à monter le film.
- Genèse. Sylvain Estibal revient sur la genèse du film : "J’habite à Montevideo, en Uruguay, et à certaines périodes de l’année, dans le port, on peut voir partir des bateaux gigantesques qui s’en vont traverser l’Atlantique, chargés de milliers de moutons, pour les fêtes de l’Aïd. Un jour, je me suis surpris à imaginer des cochons à la place des moutons." Il ajoute : "Parallèlement à cela, au cours d’une conversation, un ami photographe israélien m’a raconté qu’il connaissait des Juifs qui élevaient des cochons sur des estrades, car ces animaux ne devaient pas toucher le sol d’Israël. J’ai trouvé ça aussi ingénieux qu’absurde et là aussi, j’ai mis cette idée de côté."
- Un journaliste qui devient scénariste. Sylvain Estibal est journaliste, ce qui l'a beaucoup aidé dans le traitement des réalités, même si Le Cochon de Gaza n'est pas vraiment réaliste : "Bien sûr, il existe de petits anachronismes, comme l’apparition d’Obama, mais les réalités sont dans l’ensemble crédibles. Par ailleurs, comme je voulais que ce film soit un conte, une fable, je ne voulais pas non plus que ce réalisme prenne trop d’importance", raconte-t-il.
- Poésie. Sylvain Estibal voulait un film onirique et poétique, et qui "ouvre sur un rêve possible", notamment lors de la scène finale : "J’ai choisi, pour la fin du film, cette danse hip-hop de jeunes danseurs handicapés. Je pense que ces deux peuples d’Israël et de Palestine sont un peu à leur image, deux peuples blessés qui se font face. Ils symbolisent, à mes yeux, la souffrance d’Israël et de la Palestine, de laquelle peut surgir toutefois une entente. Je voulais terminer sur une image symbolique et belle, sur une vision d’espoir", explique le réalisateur.
- A la recherche de Charlotte. Pour trouver le cochon, Guy Demasure, dresseur, a organisé un casting de cochons vietnamiens, et en a choisi cinq. Après lecture du scénario, il a effectué deux mois de préparation. C’est pendant cette préparation qu'il a constaté que, parmi les cinq cochons, il y en avait un qui sortait du lot. C’était Charlotte, une femelle, alors que le rôle était celui d’un mâle. Mais comme elle était très talentueuse, elle a été choisie pour apparaitre dans le film.
- Chaleur. Les cochons n'aiment pas la chaleur, cela provoque chez eux un dérèglement hormonal qui peut même les conduire à arrêter de s’alimenter. Heureusement, les nuits maltaises sont plus fraîches. Ainsi, la température du corps peut redescendre et les cochons finissent par s’habituer.
- Eviter les clichés. Sylvain Estibal souhaitait éviter les stéréotypes : "Nous avons voulu éviter les clichés dans la distribution des rôles, éviter l’image de l’islamiste barbu. Nous tenions aussi à ce que la femme de Jafaar soit belle et digne plutôt qu’une femme caricaturale derrière ses fourneaux." Il ajoute : "En confiant le rôle de Jafaar, le pêcheur palestinien, à un acteur israélien d’origine irakienne (Sasson Gabay) et celui de la jeune femme israélienne à Myriam Tekaïa, qui est tunisienne, c’était aussi une manière de brouiller les pistes et les identités."
- Un sacré duo. Sylvain Estibal s'est inspiré de La Vache et le prisonnier : "J’aime la simplicité de ce film, et l’idée d’un homme démuni s’appuyant sur l’animal pour sortir d’un contexte difficile", confie le réalisateur. Sur le duo de son film, il explique : "Dans Le cochon de Gaza, le cochon a une valeur symbolique, il est sombre, inquiétant, il représente le préjugé, l’inconnu, la peur qu’il nous faut apprivoiser."
- Trouver Jafaar. Jafaar est interprété par Sasson Gabay. Il a été choisi par le réalisateur grâce à sa performance dans La Visite de la fanfare. Ce dernier recherchait "quelqu’un d’attachant avec qui l’on puisse facilement tomber en empathie, un visage profondément humain".
- Jafaar Chaplin. Sasson Gabay a accepté d'interpréter Jafaar car le personnage lui faisait penser à Chaplin : "Ce petit homme qui essaie humblement de survivre aux catastrophes et qui, même dans les pires circonstances, ne renonce jamais. On a l’impression que Jafaar se bat contre le monde entier, les soldats sont contre lui, les pêcheurs, les policiers, le jihad, l’administration… même la mer est contre lui ! Pourtant, il refuse de baisser les bras. C’est un de ces hommes très simples en qui chacun de nous peut croire."
- Un acteur international. Sasson Gabay, israélien d'origine irakienne, joue un palestinien. Une habitude pour l'acteur qui interprète très souvent des personnages non-Israéliens : "Il m’est arrivé d’interpréter des personnages Afghans, Egyptiens et Palestiniens. C’est une chance car j’adore parler d’autres langues que ma langue maternelle, je trouve cela stimulant. Par exemple, dans La Visite de la fanfare, j’ai adoré travailler l’accent égyptien et cela n’a jamais été une contrainte. Par ailleurs, c’est mon métier d’entrer dans la peau de gens différents de moi, quelles que soient les différences", déclare l'acteur.
- Un parcours peu commun. Myriam Tekaïa a un parcours particulier. Tunisienne, elle est née en Italie, puis a grandi au Canada et en Inde. Elle est venue faire des études supérieures à Paris, puis un jour, par nécessité professionnelle, elle a suivi dix jours de stage de prise de parole et a eu un véritable coup de foudre pour le théâtre. Ensuite, elle a été admise en classe libre au Cours Florent et a donc changé de voie.
- Un film politique. Selon son réalisateur, Le Cochon de Gaza est un film qui expose "un point de vue sur le conflit israélo-palestinien". Il a souhaité pousser un cri : "face au gâchis, face à la haine, face à une religion trop souvent prise au pied de la lettre en négligeant son message fraternel". Pour Myriam Tekaïa, "il y a une résonance entre le printemps arabe, le Indignez-vous de Stéphane Hessel et le film". Selon l'actrice, il y a un même point de départ, celui d'"un immense ras-le-bol face à une situation désespérante qui semble figée à jamais".
- Pas de parti pris. Bien que le film possède un message, Sylvain Estibal ne souhait pas prendre parti : "Il est arrivé sur le tournage à certains acteurs de penser que, parfois, le film penchait pour un camp plus qu’un autre. Mais c’est arrivé aux acteurs des deux camps, ce qui est plutôt rassurant ! Au fond, nous sentions tous, je crois, que nous portions un message de paix. L’équipe, composée d’une vingtaine de nationalités, s’est mise totalement au service de ce message avec un vrai dévouement."
- Un regard extérieur. Sylvain Estibal n'est ni israélien ni palestinien, pourtant il estime avoir son mot à dire sur le conflit : "Je ne pense pas qu’il faille appartenir à une communauté pour pouvoir parler d’elle. Le meilleur exemple est justement donné par Chaplin qui n’était ni Allemand, ni Juif, et qui pourtant a réalisé un chef d’oeuvre : Le Dictateur. Le conflit israélo-palestinien nous concerne tous, il fait hélas partie de nos vies et nous en subissons tous d’une manière ou d’une autre les conséquences. Lorsqu’on cherche à faire de l’art, c’est pour retranscrire une réalité qui n’est pas nécessairement la nôtre mais qui nous touche."